
Chers compatriotes,
L’histoire de l’humanité foisonne d’exemples de peuples enchainés, martyrisés, manipulés mais qui ont fini par trouver les ressorts nécessaires pour se libérer car chaque peuple aspire à la liberté, à la justice, à la démocratie, au mieux être.
C’est ce besoin de liberté et de justice qui a poussé le peuple togolais à se battre farouchement pour son indépendance et à proclamer son option pour l’idéal républicain en s’affranchissant de la tutelle étrangère pour prendre en charge son destin.
C’est au nom de cet idéal que la jeunesse togolaise s’est soulevée le 05 octobre 1990 contre l’imposture du parti unique qui a totalement compromis l’idéal républicain pour lequel les acteurs de l’indépendance se sont sacrifiés.
C’est au nom de cet idéal que nos compatriotes, profitant de la brèche ainsi ouverte par la jeunesse, se sont massivement mobilisés pour faire réinstaurer le multipartisme. C’est au nom de cet idéal que, malgré les difficultés qui jalonnent le chemin, malgré nos rêves brisés, malgré la gestion chaotique du processus de renouveau démocratique par les leaders politiques tant du pouvoir que de l’opposition, entrainant angoisses, découragements légitimes et désespoir auprès de nous tous, nous ne devons pas abdiquer. Nous devons inlassablement poursuivre la lutte pour l’émergence d’un Togo nouveau.
C’est au nom de cet idéal républicain que des Togolaises et des Togolais, républicains par conviction, de toutes les religions, de toutes les catégories sociales, de l’intérieur comme de la diaspora, mobilisés pour donner une nouvelle chance à notre pays de réaliser enfin le rêve de l’alternance et de se mobiliser pour son développement économique, social et solidaire, ont décidé de créer le parti politique dénommé « FORCES DEMOCRATIQUES POUR LA REPUBLIQUE (F.D.R.) ».
Certains d’entre vous peuvent se demander pourquoi encore un nouveau parti politique au Togo. Mais la réponse à cette interrogation est simple.
En effet, au début du processus démocratique, le peuple togolais s’est fortement mobilisé pour permettre l’émergence d’un Togo nouveau. Il a donc consenti d’énormes sacrifices à cette fin, allant jusqu’au sacrifice suprême pour certains.
Mais aujourd’hui, c’est la déception, le découragement, la démotivation, les grincements de dents.
La situation est telle qu’elle est aujourd’hui parce que nous, acteurs politiques, n’avons pas été à la hauteur des attentes du peuple.
Le régime au pouvoir depuis plus de 50 ans s’est incrusté dans la stratégie de conservation et de pérennisation de ses acquis.
Plus grave, l’opposition s’est empêtrée dans des querelles intestines sans fin oubliant ainsi l’essentiel qui est le rêve de nous tous : la réalisation de l’alternance.
Nous avons privilégié la course au pouvoir au lieu de rechercher l’intérêt national. Et dans cette course effrénée, le terrain politique a été transformé en une jungle où il n’y a plus de morale, plus d’éthique, un terrain où tous les coups sont permis pour déstabiliser un adversaire, un terrain où les valeurs de vérité et d’honnêteté sont foulées au pied. Or, en dehors de ces valeurs, il n’y a point de salut.
Ainsi, des acteurs qui sont censés être d’un même bord politique sont devenus de vrais ennemis qui se sont détestés à mort et se sont livrés un combat sans merci avec comme mot d’ordre ‘’Si ce n’est pas moi, ce ne sera pas lui non plus.’’
Et pourtant, avec une intelligence rare, nous avons tous proclamé avoir agi au nom du peuple.
Il est dit dans les saintes écritures que ‘’Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit.
Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si ne n’ai pas l’amour, je ne suis rien’’
Nous avons été pendant longtemps des airains qui ont résonné dans le vide et dans cymbales qui ont retenti sans échos.
Nous avons ainsi aidé à la consolidation du pouvoir actuel avec son cortège de maux de mal gouvernance que nous déplorons tous aujourd’hui et qui ont pour nom : la corruption, la mauvaise répartition des richesses nationales, la pauvreté extrême, le chômage chronique des jeunes, l’évasion fiscale, l’endettement, une justice non indépendante, des infrastructures scolaires et sanitaires délabrées, des élections non transparentes, le refus d’organiser les locales, une administration sans rendement.
Aucun Togolais, qu’il soit de la majorité au pouvoir ou de l’opposition, et qui a un minimum d’amour pour son pays, ne peut être fier de la situation de léthargie dans laquelle nous végétons aujourd’hui.
C’est le député français Jean-Yves LE BOUILLONNEC, Président du groupe d’amitié France Togo, de passage à Lomé, qui me disait il n’y a pas longtemps que la situation politique togolaise est comparable à un magnétophone qu’on a arrêté et depuis tout le monde cherche en vain celui qui doit appuyer sur le bouton ‘’play’’ pour qu’il redémarre, alors que tout le monde souhaite que l’appareil redémarre.
Et bien, nous devons avoir de l’audace pour faire redémarrer l’appareil Togo car l’avenir de nos enfants en dépend.
Pour y arriver, chacun doit d’abord avoir le courage de faire sa propre autocritique, reconnaître sa part de responsabilité dans l’échec collectif et prendre des résolutions personnelles pouvant contribuer à la redéfinition d’un nouveau type de rapport entre les acteurs politiques.
Comme nos précurseurs de l’indépendance, comme notre jeunesse en 1990, montrons-nous dignes de notre nation.
Je suis convaincu qu’avec courage, détermination et lucidité, nous redresserons la barre de notre bateau ivre car comme le dit l’adage, le plus long voyage commence toujours par le premier pas, et des pas on en a déjà suffisamment fait.
J’envoie mon amour fraternel à chacun de vous en demandant au Tout Puissant de vous couvrir tous de sa grâce infinie.
Avec les FDR, recréons l’espoir.